Heureux qui comme Ulysse…

Le blason de la famille du Bellay

Blason du Bellay.jpg

Vivre entre ses parents le reste de son âge…

Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

« Heureux qui » apparaît comme un bonheur affirmé à distance, une simplicité rêvée comme pour Ulysse qui a osé faire « un beau voyage », c’est ce » beau voyage » qui remplit l’adjectif « Heureux ».

L’Iliade devient un beau voyage, la culture est érodée jusqu’au naturel, toute une montagne de culture tombe à l’eau.

Du Bellay aboutit à une simplicité vitale.

Ce poème est l’histoire de la libération d’une sonorité douce de sonorités dures.

Les deux rimes « beau voyage » « de son âge » embrassent les deux rimes centrales « toison » « raison ».

Ces deux rimes renvoient au côté illimité du temps grâce au « e » muet.

La « raison » est dans le retour pour vivre « plein d’usage », « le reste de son âge ».

Ce n’est pas rien de vivre son âge, il reste à le vivre d’une certaine façon. Il est rare de posséder son âge. La plénitude du retour et du vivre ne peut être sentie qu’à partir du « voyage ».

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison
Qui m’est une province et beaucoup davantage ?

Apparition du « je » qui sera en opposition avec le monumental romain, le poids du temps écrase le « je ». Le « clos » rejoint « la cheminée ». « Le clos », c’est ce autour de quoi les bras peuvent se refermer, ce geste est celui de l’exilé « je » pour enclore ce qu’il a perdu. L’extension du dernier vers : »qui m’est » est une extension soudaine du petit en grand dans l’amour.

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

Joachim du Bellay, Les Regrets, 1558.

Les deux tercets sont des affirmations, la force du droit d’aimer plus une chose que l’autre.

« L’ ardoise fine », la finesse française plus que « le marbre dur » qui est un pléonasme, ce qui renforce la dureté des monuments italiens.

Ce choix se libère dans le dernier vers: « plus que l’air marin », « la douceur angevine ».

Angevin au féminin donne angevine, c’est tellement beau que c’est resté dans la langue française.

Un poème qui fait surgir la douceur « angevine » évoquée par deux voyelles nasales et un « e » muet qui déploient tout un commentaire du mot : ange.

Du Bellay Joachim

Joachim Du Bellay ou Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes pour lequel du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d’inspiration élégiaque et satirique, écrit à l’occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.

Brassens

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