
En 1896, Thérèse a dessiné ses « Armoiries » à la fin de son premier Manuscrit, avec le titre « Armoiries de Jésus et de Thérèse ». Mariée au Seigneur par sa profession de carmélite, elle s’appelle Thérèse de l’Enfant-Jésus de la sainte Face. En deux blasons, elle exprime cette union d’amour.
Le premier blason représente Jésus comme le signifient les lettres JHS : Jesus Salvator Hominum, Jésus Sauveur des hommes. Représentant l’Enfant-Jésus qui dort et la Sainte Face, Thérèse unit – comme la spiritualité de son temps aimait à le faire – le Mystère de l’Incarnation et le Mystère Pascal : « Le propre de l’amour étant de s’abaisser », le Fils de Dieu est descendu du Ciel pour mourir et ressusciter pour notre salut. Un rameau de vigne unit les deux dessins, car Thérèse n’a qu’un désir : s’offrir telle une petite grappe de raisin pour réjouir son époux et étancher sa « soif d’amour ». Elle est aussi la harpe qui veut chanter sans cesse pour lui.
Le second blason représente Thérèse : FMT, Marie-Françoise Thérèse. Elle est cette petite fleur exposée aux rayons de Marie, l’étoile du matin. Sous le regard de la Trinité représentée par un triangle. Un dard unit les deux dessins : c’est le « dard enflammé de l’amour » dont elle veut brûler sans cesse. En le dessinant, elle a probablement pensé à la blessure d’amour ressentie le 14 juin 1895, après son offrande à l’Amour miséricordieux.
Les deux blasons sont unis par une devise : « L’amour ne se paie que par l’amour ». Aux tendresses de son époux qui l’a aimée à la folie, Thérèse veut aussi répondre par des « folies »… Elle veut vivre « dans l’unique but de lui faire plaisir et de lui sauver des âmes qui l’aimeront éternellement ».
Ainsi se réalise le mariage de Jésus et Thérèse. C’est une alliance d’amour scellée dans un désir sans cesse renouvelé de s’aimer et de se ressembler au point de devenir un. Seul l’Amour peut réaliser ce Mystère…
« Je sens que je vais entrer dans le repos… Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l’aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera sur la terre jusqu’à la fin du monde. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Ce n’est pas impossible, puisqu’au sein même de la vision béatifique, les Anges veillent sur nous.
[…] Je ne veux pas me reposer tant qu’il y aura des âmes à sauver… »
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « Carnet Jaune » de Mère Agnès au 17 juillet 1897, in O.C., Le Cerf / DDB, 1992.