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Ils furent en conflit pour la prise d’un lièvre ;
Était-ce dans le Var, était-ce dans la Nièvre ?
L’antagonisme ancien ne s’est jamais éteint,
Car ils se sont maudits en grec et en latin.
Or, ces deux sont des lions, pas des bestioles mièvres,
Ils se sont combattus dans l’ardeur et la fièvre,
La bataille dura du soir jusqu’au matin,
Sans qu’on en vît surgir d’avantage certain.
Le sang coulait à flots, la mort était en vue,
Leur corps était meurtri et leur âme était nue ;
Ils s’enfuirent tous deux, qui sait à quel désert.
Et depuis ce temps-là, chacun des deux se leurre,
Croyant que l’autre lion sur sa défaite pleure ;
Au mitan du jardin triomphe un serpent vert.
