
Mirabelle est sortie pour aller pâturer,
Par une de ces nuits éclairée par la lune.
Elle aime ces moments où nul ne l’importune,
Ses semblables, à rêver, étant tous affairés.
Qui plus est, d’herbe fraîche, elle a plus qu’un carré ;
L’occasion pour manger est vraiment opportune,
Elle broute même les quelques queues de prunes
Que les vers délaissent, le fruit mûr dévoré.
Le ventre bien tendu, elle fait une pause
Et regarde le ciel où l’astre blanc s’impose
Comme un grand bloc de sel à ses yeux globuleux.
Grimpant sur un talus pour y poser la langue,
La lourde ruminante usée par l’effort, tangue,
Avant de s’écrouler sur un fumier moelleux.
