
Art Haida
Un corbeau magicien dévore le soleil,
Puis il le restitue, pour des raisons secrètes ;
Cet animal, loin d’être un pur anachorète,
Aime la rouge viande, aime le sang vermeil,
Et souvent s’évertue à tromper ses pareils.
Il sait sonner la charge ainsi que la retraite,
Mais il montre un humour au ras des pâquerettes.
Le sorcier du pays, dans son état d’éveil,
Lui offre la liqueur que les érables saignent,
Mêlée d’un peu de rhum (que point il ne dédaigne,
Du moment que la coupe est du plus pur cristal) ;
Qu’importe du Grand Nord la saison rigoureuse !
Le chamane et l’oiseau, libérant leur mental,
Échangent longuement des blagues savoureuses.
