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Trois lunes dans les cieux, trois augustes flambeaux
Éclairent le verger aux odeurs de cannelle ;
On dirait qu’il en tire une force nouvelle,
Comme font en buvant les enfants au berceau.
Pas très loin, dans le noir, se dressent des tombeaux
Où l’on ne voit dormir aucune âme immortelle ;
Car ils ne sont pas faits pour la gloire éternelle,
Mais pour l’ombre profonde et le cri des corbeaux.
Ces morts ont-ils connu les joies de la vieillesse ?
Quelques-uns sont tombés en leur prime jeunesse,
Lequel de ces deux sorts est le plus rigoureux ?
Cette nuit, vainement, j’interroge leur cendre :
Ont-ils eu du plaisir ? Furent-ils malheureux ?
Aucun d’eux à parler ne voudra condescendre.
