
Toile de Léon Bonnat
Abel, mon compagnon, accepte un peu de bière !
Car, depuis bien des jours, tu n’en as pas repris ;
Pourtant c’est un plaisir qui toujours vaut son prix,
L’homme qui a bien bu aime la terre entière.
Abel, mon doux frangin, prends un peu de gruyère !
Le mangeur de fromage est gai comme un cabri ;
Il oublie la fatigue, il oublie le ciel gris,
Et que l’homme est un corps qui retombe en poussière.
Abel, tu ne bois pas, et tu ne manges rien,
Mais tu devrais, pourtant, puisque c’est pour ton bien,
Je fais tous mes efforts… ah, vraiment, ça me navre.
Or, Caïn continue à être prévenant,
Cela fait quelque temps qu’il parle, maintenant ;
Abel ne répond rien, ce n’est que son cadavre.
