
Robert DESNOS (Theresienstadt, mai 1945)
Robert, tu entendais la voix de la Victoire ;
Pourtant le quotidien était encore obscur,
Et d’en sortir vivant, tu n’étais pas trop sûr.
D’avoir ainsi chanté, c’est ton titre de gloire,
Dans le siècle suivant, il est de toi mémoire,
Comme d’un qui savait employer des mots durs,
Mais aussi d’autres mots, doux comme des fruits mûrs,
Comme d’un qui savait raconter une histoire.
Nous savons qu’avec toi l’ennemi fut sévère,
Qu’il te fit embarquer dans sa sombre galère
Et terminer ta vie en souffrant mille maux.
Tu n’es pas revenu de l’exil redoutable,
Les copains n’ont plus mis ton assiette à leur table ;
Mais ils rêvent le soir, en retrouvant tes mots.









