
Poisson de Janus
Si l’aigle bicéphale honore des blasons
Pourquoi serait-ce une tare, ma foi, chez les poissons ?
On qualifie les traîtres de monstres à double face
Ce que dit une bouche la seconde l’efface
Un poisson à deux têtes de fait ne parle guère
Il rumine des pensées, futiles ou sévères
Mais qui nous resterons à jamais inconnues
Si l’on croit les entendre c’est qu’on a la berlue
Animal sédentaire car n’ayant pas de queue
Il se propulse à peine d’un seizième de lieue
Ne pouvant se nourrir d’espèces plus accortes
Il happe les maigres proies que le courant lui porte
Remerciant l’Océan pour le peu qu’il lui livre
Quoi que laid à faire peur, il a le droit de vivre
