
Papillon
Pour qui lit Lao Tseu, penseur et philosophe
Certaine fin du monde a pour nom papillon
Mais pour les papillons c’est une catastrophe
Comme un hiver sans fin dans un lit de glaçons
Il se désole en vers, ce beau lépidoptère
Car son dernier voyage hélas est programmé
Nul oreille ne perçoit ses complaintes amères
Sur les rives du Styx il lui faut aborder
Ses dernières heures sonnent, il crie son désespoir
Ses ailes tressautent en vain dans un affreux cauchemar
Les portes de ce songe sont gardées par un freux
L’oiseau soudain s’efface dans son manteau de deuil
Le moribond se traîne jusqu’à l’ombre du seuil
Où se tient un jeune homme au regard anxieux
Son fidèle disciple l’effleure embarrassé
Sa peau encore tiède bientôt se refroidit
Sur un rouleau de soie il repose à demi
De sa main son pinceau doucement a glissé
Traçant les derniers mots de l’oeuvre de Tchouang Tseu
OU SI L’ON PREFERE UNE FIN PLUS OPTIMISTE :
Et voici qu’il s’éveille affreusement transi
Sur un rouleau de soie il s’était assoupi
De sa main son pinceau doucement a glissé
Traçant les premiers mots de l’oeuvre de Tchouang Tseu
Stahlder