
Toile du Caravage
L’ermite Jean mangeait beaucoup de sauterelles.
Dans le miel, il trempait ces insectes ailés,
Les consacrant au Ciel, avant que d’avaler
Par petites portions leur masse corporelle.
Cette pitance était frugale et naturelle :
Quand les gens de la plaine ont récolté leur blé,
Ne sont-ils aussitôt de labeur accablés ?
À moudre et à pétrir, leurs âme devient frêle.
Jean ne recherchait point l’opulence latine,
Le fromage et le pain si lourdement posés
Devant les travailleurs auxquels on les destine ;
Son repas, toutefois, pouvait être arrosé
(Comme le permettrait la loi bénédictine)
D’une cruche de blanc, de rouge ou de rosé.
