
Peinture chinoise
Vivre soixante et dix années
Jamais ne fut chose donnée ;
C’est courte vie,
Surtout si l’enfance on retranche
Et la vieillesse et la nuit blanche,
L’intempérie…
Après notre fête lunaire,
Après la mi-automne claire,
Que vaut la lune ?
Après avril où tant de fleurs
Aux morts vont offrant leurs couleurs,
N’en aime aucune.
Jardin fleuri, lune charmante,
En votre honneur il faut qu’on chante,
Qu’un air résonne ;
Belle coupe à présent bien pleine
Demain n’offre plus de joie vaine
À nos personnes.
Tant de projets et tant d’affaires,
Tant de métiers, que sais-tu faire ?
Tant de souci ;
Ce qu’argent et travail procurent,
C’est que trop tôt ta chevelure
S’en va blanchir.
Plus vite s’en iront les mois
Que tu ne comptes sur les doigts
De cette main ;
La cloche a dit bonsoir au jour
Et déjà le coq dit bonjour
Au lendemain.
Veuillez dénombrer les présents :
L’an prochain c’est l’enterrement
De l’un ou l’autre ;
Mais nos tombeaux, pour la moitié,
L’an prochain seront oubliés
Dans l’herbe haute.
Cochonfucius